Le Réseau des femmes du Tanganyika, REFETANG ainsi que d’autres Organisations des jeunes, femmes et activistes des droits de l’homme se sont résolument, depuis le début de l’année, engagés à amener les décideurs au niveau de la province du Tanganyika à s’approprier la feuille de route au niveau provincial pour la protection des filles contre le mariage d’enfants. Cette feuille de route qui a été élaborée l’année dernière à l’issue de trois ateliers d’harmonisation et d’adaptation du plan d’action national de protection des jeunes filles contre ce type de mariage comprend une série d’actions à mener et sert de boussole pour tous les acteurs intervenant dans cette thématique au Tanganyika en vue de juguler cette pratique qui freine l’épanouissement de la jeune fille.

C’est pour cette fin que les parties prenantes à ces ateliers ont, sous la conduite de la Coordonnatrice de cette structure de promotion des droits de la femme, Albertine Kungwa, eu des séances d’échange sur cet outil avec la Cheffe de Division provinciale du genre, Fatuma Kamona, le Directeur provincial ad intérim de la province éducationnelle Tanganyika I, Ernest Mwamba, l’Administrateur de territoire de Kalemie, Bernard Bokalanganya Wima Bakonga et le chef ad intérim de la chefferie Tumbwe, Emmanuel Tumbwe fils. Cette série des rencontres s’est achevée ce mercredi 16 mars 2022 par l’entrevue entre les membres de ces Organisations et le Ministre provincial de l’intérieur et porte-parole du Gouvernement provincial, Dieudonné Kamona Yumba qui les a reçus à son cabinet de service en présence du commissaire provincial de la police, le Général Jean Yav Mukaya.
Comme partout, les échanges ont gravité autour de l’épineuse préoccupation de mariage d’enfants. L’objectif étant d’amener ce membre de l’exécutif provincial et à travers lui, toute l’équipe gouvernementale à s’approprier cette feuille de route au niveau provincial de protection des jeunes filles contre ce type de mariage et à embarquer d’autres animateurs de l’appareil étatique à différents autres niveaux dans la lutte contre cette pratique.

« L’objet de notre visite ici est de voir le Ministre provincial de l’intérieur pour l’amener à s’approprier la feuille de route de protection des filles contre le mariage d’enfants que les Organisations de la société civile ont élaborée selon les réalités du Tanganyika, cela sur base du plan national consacré à la même question pour lutter de façon efficace contre le mariage d’enfants dans la province du Tanganyika. Comme lui est, chaque fois, aux côtés des chefs coutumiers, nous avons également sollicité son implication pour que ces derniers s’approprient cet outil et se mettent à sensibiliser leurs administrés, parce que le constat est que le taux des mariages d’enfants accroît du jour au jour surtout dans les milieux ruraux. Nous pensons que sans l’implication des autorités traditionnelles, ces pratiques vont connaître une crête inadmissible » indique-t-elle.
Conscient de la situation, le Ministre provincial de l’intérieur et porte-parole du Gouvernement provincial, Dieudonné Kamona Yumba a félicité cette structure pour avoir doté la province d’un outil dont les actions vont considérablement contribuer à l’éradication de cette pratique. Ce membre de l’exécutif provincial reconnaît que le taux élevé des mariages d’enfants au Tanganyika est en grande partie consécutif aux conflits intercommunautaires que la province a dernièrement connus, conflits pendant lesquels la jungle a élu domicile dans plusieurs contrées de la province mais aussi par des coutumes rétrogrades.
« Quand vous allez dans les villages, déjà à 11 ans, les jeunes filles sont prises en mariage avec pour conséquence : des accouchements difficiles. On enregistre beaucoup de morts parce que les filles qu’on donne en mariage n’ont pas encore atteint l’âge requis. Aujourd’hui, le Gouvernement de la République a un plan pour protéger les filles contre cette forme de mariages. Ce plan a été conçu par Kinshasa, et les Organisations de la société civile à travers le REFETANG, vous avez voulu l’adapter aux réalités que nous vivons dans la province. Au nom du Gouvernement provincial, nous promettons de vous accompagner et moi, entant que Ministre de l’intérieur et sécurité, je vais passer à la sensibilisation pour que les parents cessent de donner en mariage leurs filles précocement » s’engage-t-il.
Ces actions menées par le REFETANG de concert avec d’autres organisations des jeunes, femmes et d’activistes des droits de l’homme bénéficient de l’appui financier de « Girls First Fund » dans le souci d’arriver à épanouir la jeune fille par sa mise à l’abri de ce type de mariage qui, dans la plupart des cas, hypothèque son avenir.
Jeannot MWILAMBWE à Kalemie.