En mission dans la province du Tanganyika, le bureau de conduite et discipline de la MONUSCO-BENI a organisé pendant trois jours les ateliers de sensibilisation sur la lutte contre les actes d’abus et d’exploitation sexuels commis par les agents des Nations-Unies. Ces séances se sont tenues dans la salle de congrégation des sœurs de saint Joseph à Roelens dans la ville de Kalemie les 6, 8 et 10 juillet 2023. Ces assises ont visé notamment les étudiants, les élèves ainsi que les femmes et jeunes filles, échantillon représentatif de la province du Tanganyika. A en croire Oswald MASENGO, responsable du bureau de conduite et discipline de la MONUSCO-BENI, l’objectif de ces assises est de partager les informations sur les rôles de ces couches de la population sur des questions d’abus et d’exploitation sexuels perpétrés par le personnel des Nations-Unies tant civil que militaire et faire d’eux des acteurs de lutte contre ces pratiques qui déshumanisent. La MONUSCO s’étant déjà retirée de cette province et ce depuis juin 2022, le responsable du bureau de conduite et discipline de cette mission onusienne révèle qu’une partie du personnel de cette mission a été transférée au bureau intégré opérationnel au Tanganyika, lequel devra autant que celui des agences du système des Nations-Unies et des Organismes bénéficiant de financements de celles-ci, observer les valeurs cardinales de cette Organisation pour se mettre à l’abri de la politique de tolérance zéro en cette matière.

« Nous avons sensibilisé les étudiants, les élèves, les femmes et les jeunes filles pour qu’ils soient aussi les acteurs de protection de la communauté congolaise contre les abus et exploitations sexuels qui peuvent être probablement commis par le personnel des Nations-Unies qui reste ici sur place » a-t-il indiqué.
L’une des intervenants à ces assises, Lyly Malonda, Magistrat au parquet près le tribunal de grande instance de Kalemie a planché sa présentation sur les actes d’exploitation et d’abus sexuels suivant le droit positif congolais. Elle a noté que ces pratiques s’érigent en infractions et rentrent dans la catégorie d’abus sexuels en ce sens qu’il y a défaut du consentement de la part de la victime. A la différence de la conception des Nations-Unies, les auteurs de ces faits infractionnels sont passibles de poursuites en justice. Elle a, par ailleurs, reconnu que ces actes sont à la base des conséquences fâcheuses dans la communauté. D’où son appel aux étudiants d’être porteurs de messages de sensibilisation dans les milieux universitaires et dans toute la communauté pour décourager ces pratiques.

« Les violences sexuelles ont des conséquences néfastes dans la vie d’une personne. Et eux en tant qu’étudiants, nous avons attiré leur attention pour comprendre ces faits afin d’éviter de tomber dans ce piège qui peut un jour arrêter leur destinée; parce que, lorsque vous tombez dans les cas des violences sexuelles, vous êtes victime ou auteur, cela peut compromettre totalement votre avenir » a-t-elle averti
Pour sa part, Me Corpenic NZANZU, Coordonnateur régional intergences pour la protection contre l’exploitation et abus sexuels qui s’est largement penché au cours de ces séances sur le fonctionnement du réseau PSEA et du système de signalement a demandé à la population de la province du Tanganyika de briser le silence sur ces actes afin de décourager leurs auteurs.

« Il n’y a pas d’échange entre l’assistance humanitaire et le sexe, cela est formellement interdit et que la population du Tanganyika a le droit d’être informée, c’est comme ça que l’on organise des ateliers de formation, il y a donc plusieurs formats de sensibilisation qui se font par plusieurs acteurs ici et là pour informer la communauté et que je demande à celle-ci de briser le silence face à ces actes. Quand il y a des cas pareils, il faut appeler le numéro vert « 49 55 55″ ou se rapprocher des Organisations qui ont leurs bureaux d’écoute dans les différents milieux pour dénoncer les cas et recevoir le soutien pour la victime » dit-il.
Édifiés par les enseignements reçus, les participants à ces assises ont pris l’engagement d’être désormais les acteurs de lutte de ces actes dans la province du Tanganyika.

« Cette formation nous a été bénéfique, parce qu’elle nous a sortis dans l’ignorance. Il y a plein de choses qu’on ignorait mais grâce à cette formation, on en est au courant. J’ai bénéficié de quelque chose d’important selon quoi la dignité humaine doit être protégée, l’intégrité de même ; cependant il arrive que l’on abuse et que les gens soient exploités sexuellement, ce qui est inadmissible et que nous devons dénoncer » ont-ils déclaré

Il y a lieu de signaler que ces séances ont connu également les interventions du chef de bureau à la Division provinciale du genre en charge d’études et planification, des représentants de l’ONG APEF ainsi que du BCNUDH. Ce moment d’échanges a permis aux femmes bénéficiaires du projet financé par le bureau de conduite et discipline de la MONUSCO de 2021 à 2022 à Kalemie dont la plupart ont été présentes à la troisième séance de partager l’impact de ce projet dans leur vie quotidienne. A les entendre, ce projet a fait d’elles des femmes autonomes subvenant aujourd’hui à tous les besoins de leurs familles grâce aux revenus de leurs activités en tant que couturières pour les unes, boulangères pour les autres et coiffeuses pour les autres encore.
Jeannot MWILAMBWE à Kalemie