Dans le village de Luhonge à environ 55 km de la cité de nyemba dans le groupement Kasanga nyemba, dans la partie Sud-Ouest du territoire de Kalemie, province de Tanganyika, les deux milices ennemies qui se livraient sans retenue à des hostilités sanglantes, se sont enfin convenues de taire leurs armes en faveur de la paix.
Ces conflits intercommunautaires ayant pris ses racines dans le village Kabeke, Territoire de Manono, se sont intensifiés dans d’autres parties de la province jusque dans les groupements Kasanga-nyemba, Kinsunkulu et Kalumbi. Après plusieurs séances de sensibilisations menées au travers du projet USAID Funded Tanganyika Conflict Mitigation and Reconciliation TCMR, ces hostilités qui se sont calmées ont été à nouveau déclenchées à la suite du meurtre d’un chef de la communauté Bantoue du nom de Mumbwili en Mars 2022.
L’antagonisme de ces deux communautés a drainé de graves répercussions sociales dans les villages situés sur l’axe routier Nyemba-Kinsunkulu, causant morts d’hommes, entrainant des dégâts physiques, psychologiques et matériels, empêchant ainsi tout progrès dans ces entités.
Au cours d’un dialogue intercommunautaire organisé à leur intention, les belligérants ont fait chacun son mea-culpa pour des actes odieux commis durant ce conflit. Cela devant plus de 100 participants. Les dignitaires de la zone étaient présents à ses assises facilitées par l’ONG Pact Congo en partenariat avec le Programme de désarmement, Démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation ainsi que la commission diocésaine justice et Paix, « CDJP/KALEMIE », aux côtés desquels se trouvaient l’administrateur du territoire de Kalemie, le Commissaire Général chargé de la Décentralisation et Affaires coutumières, les chefs de chefferies Tumbwe et Benze, les chefs de groupements Kasanga nyemba et Kinsunkulu, les membres du conseil local de sécurité et plusieurs chefs des villages, les membres de la société civile, droit de l’homme et du comité local de Paix.
A l’issue des échanges francs et sincères, une cérémonie traditionnelle a été présidée par le grand chef Kasanga-Nyemba au cours de laquelle un mouton a été immolé et un palmier planté dans le parvis du chef Luhonge par les représentants de deux anciennes milices. Au cours de ce rituel, le chef Kasanga nyemba, une autorité coutumière de renom et au silence charismatique, a fait savoir à tous les anciens combattants que quiconque oserait encore un jour prendre tout type d’armes pour verser du sang celles-ci se retourneront contre lui-même et toute sa famille qui en paieront le coût par le châtiment du pouvoir ancestrales et du pouvoir public.
« L’heure est venue où chacun devra travailler pour un développement communautaire durable et non planifier des tueries à l’encontre de ses semblables. Ces genres de pratiques nous reculent. » a conclu le chef Kasanga.
Le Commissaire Général chargé de la Décentralisation et Affaires coutumières, tout en félicitant les efforts de l’Usaid et son partenaire Pact, Son Excellence François MWAMBA MBALE a par ailleurs fait entendre que son gouvernement se montrera ferme en cas de récidive.
Pour sa part, Monsieur REHANI JUMAINE, le chef de projet de Pact, a exprimé une grande satifaction en voyant les deux anciens protagonistes se mettre autour d’une table pour débattre sur ce qui qui les divise et trouver de solutions pour une paix durable.
Au finish de ces assises communautaires de deux jours soit du 29 au 30 septembre dernier, ces quelques recommandations ont été formulées:
- Que le P-DDRCS mette un site de désarmement aux alentours des villages habités par les ex combattants pour accueillir ceux qui voudraient être pris en charge par ce programme ;
- Que soient accrues des sensibilisations sur la paix et la cohabitation pacifique entre les communautés
- En rapport avec le conflit du pouvoir coutumier, il est recommandé de mener un plaidoyer auprès du Comité Consultatif de Règlement des Conflits Coutumiers, C.C.R.C.C. en sigle pour que soient identifiés tous les villages concernés par ce problème afin de trouver des solutions;
- Aux autorités d’encourager les sociétés de télécommunication pour implanter les antennes afin de faciliter le partage des alertes.
- Mise en place d’un comité mixte chargé d’aller sensibiliser le leader twa Kaomba à ôter la peur et à rejoindre le train de la paix
- Que l’état prenne en charge tout contrevenant en cas de résistance ou de récidive.
Toutes ces recommandations seront suivies par une équipe mixte constituée des Twa et Bantous qui a été mise en place avec l’appui technique de Pact et CDJP.
Rappelons que ce dialogue a été tenu dans le cadre du projet Tanganyika conflict Mitigation and Reconciliation financé par l’agence américain pour le développement international(USAID).
